A la recherché du temps perdu
Je n'arrive pas à croire que cela faisait sept ans que j'avais quitté le travail. Mais l'odeur de Madelaine a tout ramené. Chaud et moite, avec un soupçon de vapeurs de diesel, et ce parfum piquant et sucré des aérosols de l'atelier de réparation de carrosserie. Je me suis réveillé les larmes aux yeux et le goût d'un chiffon gras dans la bouche. Un rêve - bien sûr, un rêve - mais le râle de la ponceuse orbitale et le gémissement du démonte-écrou de roue pneumatique résonnaient encore dans mes oreilles alors que j'ouvrais mes yeux humides et collants, étirais mes membres raides et roulais hors du lit. Et bien que Madelaine soit morte ces sept dernières années, je me souvenais encore de cet accident avec le camion de glaces sur cet ascenseur à quatre colonnes à accès élevé qui l'avait tragiquement laissée en désordre sanglant sur le sol du garage ; ne plus jamais souder une carrosserie rouillée ou manier un chiffon de polissage.
J'ai remis ma lettre de démission dès le lendemain et, depuis ce jour, je n'ai plus jamais mangé de glace à la framboise*.
Note: * Raspberry Ripple ice cream